Immobilier, location : le marché locatif n'a jamais été aussi tendu à Strasbourg

Immobilier, location : le marché locatif n'a jamais été aussi tendu à Strasbourg

Mercredi 23 août 2023. Le standard ne cesse de sonner dans le service de location de Beausite Immobilier et les portables résonnent aux bruits des notifications des messages pour un appartement à louer à Strasbourg. Voilà qui est devenu la norme dans le marché immobilier à Strasbourg.

93 appels en 12 heures au standard de l'agence et sur les téléphones portables de nos négociateurs en locations, c'est ce que nous avons comptabilisé en mettant en location un studio meublé d'une vingtaine de mètres carrés au centre de Strasbourg pour le compte d'un client de notre agence. L'annonce a été mise en ligne le mardi soir à 20 heures et a été retirée le lendemain matin à 10 heures avant que le standard n'explose. Nous aurions pu également compter le nombre de SMS et de mails. Une folie !

93 appels plus tard, donc, et 11 visites organisées le jour-même, et le studio était loué immédiatement.

Voilà plusieurs décennies que nous travaillons dans un marché locatif tendu à Strasbourg et aux abords du centre-ville. Mais la trajectoire ne cesse de s'amplifier. Car si l'offre de logements mis en location, qu'elle soit destinée à des étudiants ou non d'ailleurs, est structurellement inférieure à la demande depuis des décennies, plusieurs facteurs aggravent la tendance :

Malgré les récentes interventions du Ministre de l'économie sur la nécessité absolue de réformer le nouveau diagnostic de performance énergétique (DPE) en vigueur depuis juillet 2021, un décret a bien été passé à l'Assemblée nationale, au courant du mois d'août 2023, entérinant ainsi la sortie de 15 à 20 millions de logements du marché locatif français à une brève échéance, à partir du 1er janvier 2025.

Et quand on sait que, dans le même temps, les seules réponses de l'Etat et des collectivités locales aux locations saisonnières, celles qui tarissent le marché locatif classique et signent l'arrêt de mort de nos commerces de proximité dans nos centres-villes, est une hausse anecdotique des taxes, un changement législatif sur la fiscalité des loueurs en meublé et quelques autorisations d'urbanisme de plus à remplir, il y a de quoi être inquiet.

Et comme si cela ne suffisait pas…

D'abord, la construction de logements neufs s'écroule littéralement depuis fin 2022 alors que le marché manque déjà de logements neufs, de manière structurelle, depuis des décennies. Ensuite, les investisseurs particuliers ne sont plus financés par les banques, depuis fin 2022, en raison de leurs exigences croissantes en matière d'apport et de revenus disponibles, en raison également de la hausse des taux d'intérêt et des normes édictées par l'Etat pour limiter les crédits immobiliers. Et cerise sur le gâteau enfin, la population croît et la demande de logements ne cesse d'augmenter à Strasbourg, d'années en années.

Rappelons que 2025 marque le commencement des interdictions de louer des biens immobiliers jugés trop énergivores par le DPE. Or l'absence de décisions fortes par les pouvoirs publics, en matière de logements, risque alors d'amplifier la hausse des prix de l'immobilier et des loyers en raison de la pénurie ainsi créée. Pourquoi ? Par le jeu de l'offre et de la demande tout simplement. Qui dit pénurie dit hausse des prix.

De plus, sans avoir de boule de cristal, on comprend aisément que la population tend à préférer avoir un toit au-dessus de la tête plutôt qu'un logement ayant un bon DPE. Les locataires devront-ils ainsi accepter de louer des biens qui ne sont pas forcément aux normes de sécurité, qui ne sont pas vertueux et refaits à neuf ? C'est fort possible vu la pénurie actuelle et qui s'annonce. Et tous les encadrements des loyers dont se targuent certaines mairies françaises ne pourront rien y faire dans un marché locatif qui devient de plus en plus concurrentiel. Sans action d'ampleur pour se saisir du problème du logement en France, seuls les plus aisés et ceux ayant un réseau auront ainsi accès à un appartement… et notre standard affichera sans doute 200 ou 300 appels en 12 heures pour louer un studio en plein mois d'août, au lieu de 93.